Retour chronique : des acteurs aux théâtres.
« Parce que nous sommes acteurs de théâtre et acteurs aux théâtres, parce que nos passions sont à la fois sur la scène et devant la scène, ici suivent des pensées d’acteurs (jeunes créateurs en « exercice ») et de critiques de théâtre (jeunes spectateurs en « exercice »).
par Moïra Dalant
Brève 1 : Le théâtre aujourd’hui : plutôt Robert Plankett ou Stanislas Nordey ? Quel théâtre est notre/mon théâtre ? Le Collectif de la Vie Brève, avec une mise en scène de Jeanne Candel, présentait Robert Plankett au Théâtre des Abbesses en avril dernier. Robert Plankett, qu’est-ce que c’est ? Une forme théâtrale moderne, typiquement moderne même, un travail collectif d’acteurs et de metteurs en scène sur un texte ou un sujet. Robert Plankett est, entre autre, une réflexion théâtrale sur l’ici et maintenant, l’acteur face à son public, qui lui parle les yeux dans les yeux. Nonchalant ? non, mais nu et véritable ? peut-être. Un théâtre à l’esthétique télévisuelle genre sitcom interrompue d’épisodes fabuleux (la fuite fantastique des animaux dans les bois, la description des symptômes d’une attaque cérébrale), une mise en scène du quotidien se heurtant au monde du rêve ou de l’affabulation, à ce rêve de la redéfinition du quotidien justement. Un théâtre à la mode. Tant mieux. Stanislas Nordey, lui, rejouait Incendies de Wajdi Mouawad au Théâtre des Quartiers d’Ivry, un texte aux accents de quête originelle déjà, et une direction d’acteur qui puise directement sa force dans les émotions sous-jacentes, organiques, implosives. L’histoire d’une mythologie qui se recrée en permanence, à la fois moderne et anti-moderne. Nordey comme une apogée du théâtre sublimé, sacré, ventral, spectral. Le théâtre de Nordey est éprouvant, au sens premier d’épreuve, il est l’exposition du tragique incarné et furieux par la surimpression du signe. L’intime apparaît dans la fissure créée par le signe et l’hyper tragique, et finalement le lyrisme s’efface pour faire place à une nécessité du geste et de la parole. Les acteurs se font ici les portes parole d’une écriture de la transmission d’une mémoire et du questionnement d’une identité. Quête essentielle à l’acteur même.
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