Exposition MMM – Matthieu Chedid X Martin Parr
« Parce que nous sommes acteurs de théâtre et acteurs aux théâtres, parce que nos passions sont à la fois sur la scène et devant la scène, ici suivent des pensées d’acteurs (jeunes créateurs en « exercice ») et de critiques de théâtre (jeunes spectateurs en « exercice») en formation au LFTP. »
Par Amandine Fluet
Commandée en 2015 par les Rencontres d’Arles, l’exposition bénéficie d’une seconde vie à la Philarmonie de Paris. A peine entrés, on plonge dans un grand bain pop entremêlant les photographies de Martin Parr, photographe britannique renommé, et des compositions musicales de Matthieu Chedid, a priori moins renommé, puisque le premier ne connaissait pas le second avant cette collaboration.
Matthieu Chedid a choisi 500 photographies dans le fonds que Martin Parr lui a mis à disposition, regroupées par obsessions du photographe (appareils photos, coiffes, animaux, textes…), projetées en vidéos, ou exposées directement, et déclinées en neuf pistes sonores, dans laquelle un instrument différent a la part belle. Chaque instrument est inscrit au mur et correspond à un pan de « l’âme de l’artiste » : le piano pour le « climat classique », la guitare pour le « côté punk », le zheng pour l’exotisme, le synthétiseur pour le « mauvais goût ultime ».
Car à se laisser porter dans l’exposition au gré des photographies souvent sur-saturées de couleurs tantôt zoomant sur des hordes de téléphones brandis devant la Joconde, tantôt sériant les résultats d’un concours du meilleur légume ou gâteau, on découvre une oeuvre de sale gosse, à l’univers pop et kitsch, et l’on comprend pourquoi le musicien, qui ne doit pas renier ces qualificatifs, est allé chercher le photographe. Des scènes du quotidien, sans réel intérêt au premier abord, défilent devant nous, mais chacune est un morceau d’incongru, d’absurde, d’ironie, de cynisme, mettant en scène notre folie d’humain dans une société de consommation débordante de tout.
En tant qu’apprenti comédien de théâtre, on jubile en pensant qu’on aimerait incarner ces personnages bouffons sur scène, dans une ambiance festive et sombre à la fois, et être ce sale gosse qui se moque de ses contemporains de manière décalée.
L’exposition nous offre aussi à réfléchir premièrement sur le décloisonnement des arts, et deuxièmement à la place du public, au sens qu’il ne s’agit pas de photographies et de musiques, non, un art nourrit l’autre, et qu’en outre on s’engouffre dans une expérience sensitive finalement assez zen, où il est même parfois possible de vibrer au sens propre, au rythme de la musique, allongé dans un canapé au sol, en contemplant ue photographie noir et blanc nappée de mystères.
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