Rester toujours en éveil
Voici un texte de Georges Perec (qui était un Oulipien au passage…) que j’ai lu récemment et qui m’a fait penser à tout ce que je pense de la posture que l’artiste doit avoir par rapport à la vie, et a fortiori le comédien:
« Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, l’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire?
Interroger l’habituel. Mais justement, nous y sommes habitués. Nous ne l’interrogeons ppas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme s’il ne véhiculait ni question ni réponse, comme s’il n’était porteur d’aucune information. ce n’est même plus du conditionnement, c’est de l’anesthésie. Nous dormons notre vie d’un sommeil sans rêves. Mais où est-elle, notre vie? Où est notre corps? Où est notre espace?
Comment parler de ces « choses communes », comment les traquer plutôt, comment les débusquer, les arracher à la gangue dans laquelle elles restent engluées, comment leur donneur un sens, une langue: qu’elles parlent enfin de ce qui est. »
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