MANIFESTE.



Une pédagogie contemporaine qui tire le meilleur de l’héritage des praticiens et des théoriciens sans pour autant distiller un savoir faire, un agglomérat de combinaisons de techniques empruntées, mais en définissant un nouvel accès pour rendre l’acteur “disponible”. Une pédagogie qui prend en compte le théâtre d’aujourd’hui (globalité humaine, sociale et culturelle) pour former l’acteur de demain et lui offrir les bases matérielles de son art. Une pédagogie à la croisée des chemins pour former un acteur qui utilise pleinement son corps. Un enseignement sur l’art du mouvement, de la parole, enrichi par des ateliers (danse, masque, escrime, mime, yoga, cirque, voix parlée, voix chantée, dramaturgie) Un travail solide en corps, en voix, en présence (se mettre en présence). Un laboratoire pour prendre le temps de chercher… Une ouverture sur l’avenir.

APPRENDRE C’EST LE CONQUÉRIR EN PRATIQUE.

Une pédagogie du faire. Savoir comment l’acteur se débrouille avec la pratique, faire qu’il élimine ses résistances organiques et qu’il crée ses propres règles. L’entraînement sert à bâtir sa propre autonomie. Bouger, respirer, parler au théâtre ce n’est pas le faire comme dans la vie de tous les jours, il faut le sublimer, et pour le sublimer il faut connaître son organisme, déchiffrer comment fonctionne son corps pour y avoir accès totalement et l’exposer pleinement.

Le Laboratoire de Formation au Théâtre Physique met en place un programme riche en disciplines complémentaires. La mission première des intervenants du LFTP est d’être les dépositaires du savoir technique et de guider l’acteur/créateur pour qu’il trouve les nouvelles formes, les axes de recherche communs, les territoires partagés. Constituer un groupe de connaisseurs travaillant à déchiffrer les signes scéniques.

L’acteur au centre du processus, non plus le dernier maillon de la création, mais celui qui “lie” le poète, le plateau et les spectateurs. Comprendre qu’il ne s’agit pas de commenter, d’interpréter intellectuellement ce que le poète a voulu dire :

COMPRENDRE CE N’EST PAS DÉTENIR LE “FAIRE”.

Un travail accru pour apprendre les bases, une réflexion scrupuleuse, une préparation méthodique pour ensuite libérer sa propre expression. L’art du jeu s’acquiert après une longue traversée de sa pratique. Se confronter à ça. Le théâtre s’apprend : sa grammaire, son mécanisme. Avant d’être art il est un concentré de technique. Le talent (comme on peut l’entendre…) n’émerge et ne dure que si cette “science” a été étudiée. Il est donc le résultat d’un travail long et difficile.

Il n’y a qu’une chose importante c’est se préparer à la mise en jeu, se mettre en écoute de jeu, préparer son corps à “lire” un texte et complémenter le poète. Les différentes spécialités traversées ne sont pas distillées pour construire un acteur à tiroirs, elles sont le fruit d’une réflexion accrue menant l’acteur à la pleine possession de son outil : son corps, donc sa sensibilité. Tout est fait pour préparer l’acteur à l’activité de création.

Le LFTP veille à ne pas donner une formation “consommable”, qui laisserait en “libre service” les disciplines, une formation où les stages s’enchaîneraient les uns derrière les autres, sans lien, Où le risque serait de correspondre aux modes, sans aller au bout de la recherche mais en l’effleurant et illusionnant, du même coup, l’acteur qui se penserait possesseur de la discipline traversée.
Pour ne pas proposer une formation patchwork, chaque promotion du LFTP est attachée à un maître de formation pendant les deux années de sa recherche ; ce dernier est le chef de troupe, le référant, celui aussi qui fait le lien plus justement entre la recherche dans les autres disciplines, et la mise en jeu théâtrale. Le maître de formation peut demander au besoin le soutien ponctuel d’un intervenant pour approfondir encore la recherche. Le LFTP veille à garder une grande souplesse réactive lors de l’exécution de son programme pédagogique et peut en modifier la trajectoire pour correspondre plus justement à la recherche engagée.

Une pédagogie “assemblée” interdisciplinaire, où toutes les disciplines s’imbriquent et se mélangent les unes aux autres, et de fait se révèlent.
Offrir à l’acteur une base solide, un point d’appui pour la création.

Utiliser au maximum le vivant pour mettre en chair les mots : ne pas devenir une boite parlante. Rendre le plaisir visuel aux spectateurs (kinesthésique malgré l’immobilité). Ne pas distraire le spectateur en ne réprimant pas son ego, l’acteur doit s’effacer et ainsi laisser le spectateur lire le personnage. Faire entendre avec le corps, les énergies et mettre toute son organicité au service du texte. L’acteur est un constructeur de forme, il complémente le poète organiquement en relayant des actions, des énergies les unes aux autres. Le jeu demande de “l’ici et maintenant”, apprendre a être réceptif, sensitif, pour réinventer le “vivant” et le dupliquer.

LE LFTP C’EST ACQUÉRIR LA CONNAISSANCE PRATIQUE DU MÉTIER.

En finir avec l’opposition du langage parlé et du langage du corps. Ce n’est pas parce que le laboratoire se définit comme étant un atelier de recherche “physique” que la parole passe en second.
La parole n’est en aucun cas relayée, elle est la “partie” sonore du corps. Elle cohabite, elle fait partie du corps. Faire passer le dire par le corps, redonner à la voix sa place dans le corps et au corps de la voix. Travailler de la même façon l’action vocale et l’action physique. E. Barba dit “transformer des signes morts sur le papier en réactions vivantes”. L’acteur établit une réaction vivante entre le texte et le spectateur.
Le texte est le point de départ, il est la matrice du travail de l’acteur/créateur, le guide. Réussir à ne plus séparer le mot de l’action, complémenter le poète, traverser organiquement, incarner.
Une dramaturgie du texte (poète), une dramaturgie de la scène (toutes les composantes) pour donner une dramaturgie d’ensemble (spectacle).

Inventer sa “sous partition”. Créer l’unité entre actions physiques et actions vocales.

Travailler la “dramatique corporelle” : 70% de non verbal, 30% de verbal. On retient plus facilement ce que l’on voit et moins ce que l’on entend, partir de ce constat pour “fabriquer” l’acteur.

Le LFTP apporte une structure à l’élève/créateur. C’est à partir de cette structure qu’il pourra improviser et inventer son processus. Rendre légitime l’échec du chercheur, travailler et étudier un processus vivant et la capacité de le déclencher de façon à ce qu’il soit répétable. Reproductible avec précision. Élargir son vocabulaire corporel pour ne plus tomber dans les lieux communs. Ne pas baigner dans l’aléatoire.

CULTIVER SA PRÉSENCE.

L’évaluation des élèves est continue. “Les commandes” sont un moyen régulier d’inventorier les possibles de chaque stagiaire. Les travaux de fin de stages et d’ateliers, présentés ou non en public, ont notamment pour fonction de permettre le “suivi” des élèves. Les formateurs nommés sont tous des professionnels en activité qui pratiquent une recherche pédagogique, esthétique et architecturale de leur art. Ils composent un comité pédagogique sur lequel la direction s’appuie pour décider de la vie du LFTP.
Durant toute l’année, comédiens, metteurs en scène, auteurs et tous les “métiers” liés à l’art vivant (artistique ou technique) se succéderont au LFTP.

“Du silence, le corps travaille, la parole vient.”

Maxime Franzetti
Directeur du LFTP.